Le goût des «plantes alpines»: invention, commerce et exploitation entre la France et la Suisse, XVIIIe – XIXe siècle

Si l’intérêt scientifique pour les plantes issues des milieux de montagne ne se dément pas dès le XVIe siècle, c’est dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, dans le contexte de la genèse d’un nouveau champ scientifique, la géographie botanique, que l’expression «plantes alpines» fait véritablement sens, pour rattacher des végétaux à leur milieu naturel d’origine. Cette identification géographique est contemporaine d’une dynamique culturelle d’«invention» de la montagne, désormais bien étudiée. Les plantes viennent s’ajouter aux tableaux alpestres dépeints par la littérature, aux côtés d’autres motifs éminemment esthétiques comme la cascade, le glacier, la forêt et l’alpage. Si les plantes alpines sont un objet de curiosité savante, et sont convoitées par les botanistes européens soucieux d’enrichir leurs collections vivantes ou sèches, elles constituent aussi un objet de commerce. Au XVIIIe siècle, certaines plantes des Alpes aux vertus thérapeutiques démontrées font leur apparition dans la pharmacopée ordinaire des gens des villes sous forme de tisanes, thés et autres préparations végétales. La communication s’intéressera particulièrement à cette marchandisation de la nature alpine, à partir des échanges transfrontaliers entre la Suisse et ses voisins francophones (France, duché de Savoie).

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