Les colonies temporaires de la Grande Dixence face à l’hiver: architectures et paysages

Le chantier du barrage de la Grande Dixence occupa les ouvriers pendant les «campagnes de bétonnage» d’été, entre 1952 et 1961. À l’inverse, le percement du réseau d’adductions, assurant le remplissage des 400 millions de m3 d’eau du réservoir nécessita la présence continuelle de travailleurs, y compris l’hiver. Les accès difficiles, menant à des altitudes atteignant parfois 2800m, nécessitèrent la construction de villages temporaires pour loger les ouvriers. Situés directement sur les «fenêtres», les points d’accès aux tunnels, pas moins de 23 de ces agglomérations industrielles parsemèrent ainsi le paysage du Val de Bagnes, du Val d’Hérens et du Mattertal, le temps du chantier.

Le projet de recherche propose d’utiliser le concept du taskscape développé par l’anthropologue Tim Ingold (1993), pour étudier le paysage défini par cet ensemble d’installations provisoires. Pour le panel, l’attention se porte sur la région d’Arolla. Les conditions hivernales, déterminèrent le «scénario le plus défavorable», et dictèrent les réponses constructives apportées pour assurer un approvisionnement à ces villages. S’intéresser aux traces matérielles laissées par les outils de construction, comme la dynamite, les baraques, ou les pelleteuses, permet de démontrer les conséquences sur la longue durée d’une phase supposément transitoire. Ainsi, le paysage actuel est utilisé comme registre témoignant de ces activités passées, et vient compléter le corpus d’archives de l’entreprise de construction Zschokke et du fond de l’Office de la Protection des Travailleurs des Archives d’État du Valais.

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