Plutôt nourrir que développer: le Programme alimentaire mondial au Sahel (1973-75)

Au tournant des années 1960, la notion d’aide au développement prend une importance croissante, en particulier au sein du système des Nations Unies. C’est dans ce contexte qu’est créé en 1961 le Programme alimentaire mondial (PAM), un programme onusien chargé d’évacuer les surplus agricoles sous forme d’aide alimentaire à des fins de développement. Plus de dix ans après sa création, le PAM entre toutefois dans une période trouble de son existence. En effet, son avenir devient plus incertain, alors que les surplus agricoles, qui avaient motivé en partie sa création, deviennent plus rares. La question de la réorientation de ses objectifs de développement vers des objectifs à portée humanitaire se pose ouvertement tant au sein du Programme que chez ses donateurs. Les années 1970 sont également une décennie marquée de nombreuses crises, tant économiques que sociales. Parmi celles-ci, la sécheresse et la famine qui frappent le Sahel dans les années 1973-75. Cette crise humanitaire a un grand impact médiatique, qui va modifier le regard porté sur la région sahélienne. De plus, la crise est singulière en deux aspects. Tout d’abord, parce qu’elle inaugure une nouvelle «géographie de la faim»: le terme de Sahel perd son usage géo-climatique pour désigner de manière durable un ensemble de pays touchés par la faim de manière récurrente. Ensuite, car elle intervient à un moment charnière dans l’histoire du PAM, qui tente à cette période de se retrouver sa légitimité. Cette communication s’attèlera donc à mettre en lumière la manière dont la crise humanitaire de la région sahélienne révèle les tensions qui traversent le PAM au milieu des années 70 ainsi que les évolutions qu’elles ont pu entraîner.

Intervenant-e