L'enfant migrant - porteur de droits naturels? [Panel #81]

vendredi, 1. juillet
15:30 jusqu'à 17:00 heures
Salle M 1150

Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les droits de l’enfant ont été redéfinis au niveau international à plusieurs reprises, notamment en 1959 et en 1989. En Europe, ces redéfinitions s’opèrent en parallèle de grands mouvements migratoires ayant marqué l’immédiat après-guerre (migration des réfugiés, displaced persons) et la période de boom économique appelée les «Trente Glorieuses». Ainsi, alors que les négociations autour du «statut d’enfant» se reflètent dans les codes de lois, le statut des personnes migrantes est également sujet à des redéfinitions par différents systèmes de lois imbriquées, appelés «régimes migratoires» (Pott, Andreas & Rass 2018). Quelles sont dès lors les controverses qui découlent de ces redéfinitions à différentes échelles? Quels récits accompagnent les recodifications juridiques?

La Convention relative aux droits de l’enfant de 1989 indique dans son préambule que la famille constitue le «milieu naturel pour la croissance et le bien-être de tous ses membres et en particulier des enfants», démontrant ainsi que si l’enfance est naturalisée, son milieu social et ses conditions de développement le sont souvent aussi. Les discours qui entourent le façonnement de cette catégorie sont mobilisés par des actrices et des acteurs tant de la société civile que des milieux psychologiques et plus largement scientifiques et comme le rappelle Martine Court, «les discours savants sur les enfants sont dominés par des travaux qui en donnent une vision largement naturalisée» (Court 2017: 107). Le constat était déjà formulé par Erik Neveu en 1999, qui critiquait les travaux sur l’enfance qui la pensent comme «l’état de nature de l’être humain» (Neveu 1999: 184).

Ce panel propose d’analyser la naturalisation de l’enfance et de ses droits et besoins dans le contexte des migrations dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il permet ainsi de croiser l’histoire de l’enfance et de la famille avec l’histoire des migrations, y compris les déplacements involontaires et de là, pour le dire avec les mots de Peter Gatrell, l’histoire du «Unsettling of Europe». Comment, dans les lois ainsi que dans les pratiques, l’enfant migrant est-il considéré (ou non) comme étant doté de droits naturels? Comment et par qui cette catégorie est-elle construite et mobilisée dans les considérations autour du droit de séjour des migrant.e.s? Comment les droits des enfants ont-ils été inscrits dans des contextes nationaux et dans quels enchevêtrements avec les législations supra-nationales? Comment la naturalisation de l’enfance contribue-t-elle à façonner des enfances genrées et racisées?

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